Installé comme maraîcher bio en 2016, Mathieu Forey vend ses fruits et légumes sur les marchés de plein vent de L’Isle-en-Dodon et de Boulogne-sur-Gesse. Et depuis 2021, l’agriculteur L'Islois fait aussi le pizzaiolo dans son bistrot paysan associatif Le Séchoir.
Sur sa ferme Le Séchoir, Mathieu Forey, le maraîcher bio de L’Isle-en-Dodon, a de quoi faire. L’ancien fonctionnaire de L’Union, reconverti en paysan L’Islois, a mis quatre ans pour trouver la bonne exploitation. « Je ne voulais pas trop grand et pouvoir commencer tout de suite en bio, explique-t-il. Or les anciens propriétaires, qui sont des voisins, cherchaient de leur côté quelqu’un pour reprendre et garder l’activité de la ferme familiale. » Dans l’ancienne porcherie, qui sert pour le stockage du bois et d’autres matériels agricoles, le maraîcher s’est installé un plan de travail en hauteur pour préparer tous ses semis.
Après avoir longé les framboisiers et les mûriers, deux serres abritent plusieurs cultures maraîchères. « On fait des rotations de trois cultures par ligne. Tout est recouvert de 20 cm de compost bio et de guano, de la merde de mouettes. C’est tout ce que l’on met régulièrement pour enrichir, aérer et structurer le sol pour qu’il soit bien meuble », précise le maraîcher en agriculture biologique installé sur l’exploitation L’Isloise depuis 2016.
Dans la première serre, le paysan le sait, il a perdu la moitié de ces concombres à cause d’une attaque de pucerons. Mais à côté, les haricots verts grimpants se portent très bien. Dans la seconde serre, ne poussent que des tomates : de nombreuses variétés anciennes (Cœur de bœuf, Ananas, Rose de Berne, Evergreen…) de toutes les couleurs (oranges, vertes, jaunes…) ; et quelques variétés de tomates rouges rondes et allongées plus abordables en prix pour les clients et idéales pour préparer les sauces des pizzas pour les soirées Au Séchoir, le bistrot paysan.
Le maraîcher ramasse ses fruits et légumes deux fois par semaine, les veilles des marchés de L’Isle-en-Dodon (samedi) et de Boulogne-sur-Gesse (mercredi). Côté potager, l’agriculteur bio a planté une bande fleuries de bourraches et de fleurs sauvages butinées par les abeilles et les papillons, et des tas d’aromates (basilic, ciboulette, menthe, origan, persil, coriandre…). Mais aussi des artichauts, des aubergines, des pieds de tomates cerises, plus un semi tardif de melons, pastèques, kiwanos (des concombres rouges cornus d’Afrique)…
« Je n’ai rien inventé, je travaille simplement comme les anciens, en fonction de la météo, sans gros tracteur et sans produits chimiques. Comme eux, je prends soin du sol de mes terres. » Mathieu Forey
On dirait presque le potager de mémé. Logique, Mathieu Forey s’appuie sur la méthode de Jean-Martin Fortier, le jardinier-maraîcher québécois référence de l’agriculture nourricière bio et locale. « Je n’ai rien inventé, je travaille simplement comme les anciens, en fonction de la météo, sans gros tracteur et sans produits chimiques. Comme eux, ajoute-t-il, je prends soin du sol de mes terres. »
Le néo-maraîcher, qui a grandi à la campagne, se souvient de certains échanges d’incompréhension du début : « Ah, tu ne nettoies pas : ça veut dire que tu arrêtes ? » Et Mathieu de raconter : « Il a fallu un peu de temps pour que les gens comprennent ma démarche et viennent sur mon étal au marché… Mais aujourd’hui, il y a même des gens que je ne connais pas qui m’appelle par mon prénom. Et j’apprécie vraiment beaucoup l’entraide qui existe ici, comme quand mes voisins me prêtent des outils… »
Côté verger, Mathieu mélange les variétés : noisetier, prunier, poirier, cognassier, pêcher, abricotier, brugnonier, cassis, plaqueminier ou l’arbre du kaki… « Cela évite que tous les arbres se fassent envahir. Car chaque variété d’arbre fruitier n’intéresse pas les mêmes espèces de pucerons. Cela perturbe ainsi les insectes ravageurs et limite les invasions. De même, les herbes hautes me permettent d’avoir des insectes auxiliaires, qui régulent et mangent aussi les pucerons. » Sur les carottes, pour éviter les limaces et les escargots, le maraîcher remet en place ses filets. « En bio, pas d’utilisation de pesticides, re-précise-t-il. On fait donc de la lutte mécanique ! »
À côté, il a déjà planté les poireaux pour l’hiver… « Eh oui, lâche-t-il, il faut toujours penser les saisons en amont. Rien ne pousse en un jour… » Dans les plants de blettes, d’oignons rouges et des salades, le maraîcher a installé des tuyaux goutte-à-goutte au sol. « Ici il ne faut surtout pas arroser les feuilles pour éviter les maladies », note-t-il. En revanche, il y a des arroseurs en hauteur pour les quelques pieds de maïs doux par exemple. « C’est très bon nature ou cuit au beurre », assure le paysan gourmet qui a fait ce métier justement pour bien manger. Sur son exploitation de 4 hectares, dont 1,5 de foin pour un voisin, Mathieu cultive encore un grand champ de pommes de terre (soit 3 tonnes de patates), de l’autre coté de la route en face de sa maison.
Ce jeudi 26 juin 2025, à 18h30, la musique sort des enceintes de l’ancien séchoir à tabac réaménagé en Bistrot-Paysan Le Séchoir avec bar et scène musicale. Au menu sur l’ardoise : sirops de sureau, acacia et rose, bières et vins locaux, et fromages des fermes bio du coin. Tout autour dehors, des tables en palettes sont décorées de bocaux agrémentés avec les fleurs du jardin. Ce soir, Mathieu a troqué son short et T-Shirt de paysan pour une tenue de pizzaiolo avec tablier rouge et pantalon à petits carreaux. La veille, dans son laboratoire, il a préparé lui-même sa pâte avec des farines bio du Fournil de la Huchette à L’Isle-en-Dodon.
Devant son four au feu de bois réalisé sur mesure par un copain chaudronnier expérimenté, Mathieu est prêt à servir ses pizzas préparées avec ses fruits et légumes maison (carottes, courgettes, tomates…), de la crème de La Monge, et des fromages des fermes d’Emboué et Mapalou. Quand les premières pizzas sortent du four, les premiers clients commencent à arriver…
Aux entrées du village, des stop-trottoirs ardoises annoncent les dates des prochaines soirées. Depuis le 24 mai jusqu’au 27 septembre 2025, l’Association Le Séchoir Bistrot-Paysan montée avec des copains musiciens accueille pas moins de huit programmations musicales. « Être agriculteur aujourd’hui, en bio ou pas, c’est loin d’être facile. Mais ça commence un peu à prendre forme, et j’ai l’impression qu’on va s’en sortir… Aujourd’hui, 80% des clients du marché, qui font partie du village ou des alentours, viennent à nos soirées associatives pizzas musicales. Petit à petit, tout ça, ça fait du lien… »
À l’occasion des 100 ans de l’entente du RCL-SOL, fêtés à la salle polyvalente le samedi 28 juin 2025, onze anciens et actuels joueurs, entraîneurs et dirigeants du club de football de L’Isle-en-Dodon se remémorent leurs meilleurs souvenirs. Écoutez ces 11 récits audio.
Ce mardi 10 juin 2025 est le tout premier jour de la résidence de territoire pour la journaliste de Récit en Série, dans le cadre du partenariat avec InSite et la Mairie de L’Isle-en-Dodon (31). Petit compte rendu de cette toute première journée.
Dans le cadre de son Service Civique avec InSite, Tristan Perry, 21 ans, est l’un des deux volontaires ruraux de L’Isle-en-Dodon. Sa mission principale entre février et juillet 2025 : l’axe transition écologique et la Matériauthèque de la Maison de la Save.