Avec ses 52 salariées et 207 clients sur tout l’ancien canton de L’Isle-en-Dodon, les services de l’Aide à Domicile en Milieu Rural s’avèrent tout particulièrement essentiels en ruralité. Reportage ce mardi 24 juin 2025 auprès d’Hélène Bertoletti, aide à domicile, chez Yvette Duffaud, ainsi qu’au siège de l’antenne L’Isloise de l’ADMR.

Une fois garée dans la cour de la maison d’Yvette Duffaud à L’Isle-en-Dodon, Hélène Bertoletti, salariée de l’Aide à Domicile en Milieu Rural, descend de sa voiture personnelle avec sa blouse floquée ADMR. Ce mardi 24 juin 2025, il est 8h, elle commence son service. L’aide à domicile du SAAD (Service d’Aide et d’Accompagnement à domicile) de l’ADMR, remplaçante de l’intervenante habituelle, fait la bise à Yvette qui est venue à la rencontre d’Hélène. Les deux femmes L’Isloises se connaissent bien : toutes les deux étaient commerçantes dans le village. Hélène gérait le Petit Casino, Yvette la droguerie. « Je me souviens, dit Hélène, vous aviez de tout dans votre magasin, notamment les jouets à la mode. Mais c’est vrai que, de la même façon, les gens chez qui je vais, ils se rappellent aussi de moi. » Yvette a le sourire, elle apprécie beaucoup Hélène. « Je suis contente : on bavarde bien et j’ai confiance. Là où elle est passée pour le ménage, pas besoin d’y repasser. » Après un double diplôme des écoles ménagère et hôtelière et un riche parcours professionnel (gestion de la supérette et d’un restaurant entre autres), Hélène, jeune retraitée de 64 ans, a repris des heures à l’ADMR pour continuer à être active et à voir du monde.  

Ménage et accompagnement social

Du haut de ses 88 ans, Yvette Duffaud, aussi, reste encore très active : elle conduit pour aller au marché au gras de Samatan, prend le bus pour se rendre chez son fils à Tournefeuille, cuisine elle-même tous ses repas… « Il faut s’activer, autrement on meurt », assure l’énergique octogénaire qui reconnaît malgré tout se sentir un peu seule dans sa grande maison. Et d’ajouter : « Depuis la mort de mon mari et de mes amies ou de leur entrée à l’Ehpad, il m’arrive de ne voir personne de la journée. » En dehors des visites de son fils unique et de ses petits-enfants, Yvette a ses petites habitudes : aller voir sa copine de 101 ans à la maison de retraite, penser à sa famille en regardant leurs photos posées un peu partout dans la maison, ne surtout pas manquer de regarder ses séries télé préférées « Plus belle la vie » et « Un si grand soleil », sans oublier  l’accompagnement social et le ménage de l’ADMR tous les mardis et jeudis. 

Dans le classeur de liaison posé sur la grande table, sur les fiches d’interventions des aides à domicile, il est noté le projet personnalisé d’Yvette : ménage, discussion, promenade, pain et Dépêche, fleurs portées au cimetière – le mari d’Yvette est mort il y a deux ans –, pots de fleurs à rentrer… « Ça, je ne peux pas le faire, c’est trop lourd pour moi », précise-t-elle. Autrefois, la sportive Yvette faisait beaucoup de vélo au club et marchait aussi jusqu’à il y a peu. « C’est dommage, mais maintenant, ça va trop vite pour moi », se désole-t-elle. « Alors, qu’est-ce vous voulez que je fasse aujourd’hui ? On avait dit les toilettes, non ? », demande Hélène en posant sa main sur le bras d’Yvette, en recherche de son consentement.

Utilisant les produits ménagers et chiffons regroupés dans la bassine jaune, l’aide à domicile monte à l’étage afin de les nettoyer. Hélène liste toutes les tâches effectuées en tant qu’aide à domicile chez les personnes accompagnées : « Ménage, repassage, courses, promenade, cuisine, aide au petit déjeuner et aux repas, aide au lever, à l’habillage et à la toilette (dos, pieds…). On ne fait pas de toilettes sur prescriptions médicales, c’est le travail des aides soignantes. Mais il peut nous arriver de venir en binôme comme renfort pour éviter les chutes. »

Le temps du méticuleux ménage de l’aide à domicile, Yvette prépare un petit café avec de l’eau pour Hélène, comme elle l’aime. Enlevant ses gants, Hélène se pose et raconte : « Ce que j’aime dans ce métier, c’est qu’on partage avec les gens. Mais c’est vrai qu’on entre aussi dans leur intimité, ce qui peut être un peu gênant et délicat. Moi, je demande toujours la permission aux personnes, car on ne sait jamais ce qui peut être important pour eux : est-ce que je peux nettoyer ça ou est-ce que je peux jeter ceci à la poubelle ? Je m’adapte à eux, à leurs besoins. »

Avec son aide à domicile habituelle et Hélène, Yvette aime bien passer du temps à « discuter des petits » comme elle le dit, de leurs enfants à elles et de ses petits-enfants. Avant de partir, après avoir passé le balai et la serpillière sur le sol de la cuisine, Hélène Bertoletti repointe sur son téléphone professionnel où tout est indiqué avec précision : accompagnement social et ménage, ainsi que les plannings et les numéros de téléphone des médecins et des collègues. L’aide à domicile apprécie l’application : « On peut s’appeler facilement entre collègues pour des conseils, il y a une bonne ambiance entre nous. » Hélène note aussi les informations du jour sur la fiche du classeur de liaison, dit au revoir à Yvette et reprend la route chez ses trois clients suivants. 

45 000 heures d’interventions, auprès de 84% de personnes âgées

Au bureau de l’antenne ADMR de L’Isle-en-Dodon, Jeannine Poncet la présidente de l’association, ainsi que les salariées administratives, s’occupent des plannings et de la gestion. « Le plus compliqué à gérer, au-délà de l’équilibre financier, explique la responsable bénévole, ce sont les remplacements des congés et maladies. C’est ce que comprennent le moins nos clients et ce dont ils se plaignent le plus. Ils voudraient garder toujours la même aide à domicile, mais ce n’est pas possible toute l’année. » 

En plus du SAAD avec les aides à domicile, l’ADMR dispose aussi d’un SSIAD avec des aides-soignantes et d’un Centre de Santé avec des infirmières, et couvre les 24 communes de l’ancien canton de L’Isle-en-Dodon. « On essaie de faire en sorte que les aides à domicile travaillent en grande majorité sur les secteurs les plus en proximité de leur domicile », explique la présidente. Au total, l’ADMR de L’Isle-en-Dodon compte 52 salariées en CDI, 207 clients dont la moyenne d’âge est de 85 ans, et 9 bénévoles actifs. En chiffres, cela équivaut à : 45 000 heures d’interventions environ, auprès de 84% de personnes âgées et de 13% de personnes en situation de handicap. « Ce que j’essaie d’expliquer aux nouvelles jeunes aides à domicile, c’est qu’il est important de ne pas brusquer les personnes pour tout ce qui est ménage et aide à la toilette, car beaucoup ont gardé leurs habitudes d’antan… », raconte la présidente septuagénaire qui fait le lien entre les salariées et les clients souvent très âgés.

Tout comme Martine Desbets, retraitée de 64 ans, visiteuse bénévole de l’ADMR depuis deux ans. « J’ai toujours fait du bénévolat, alors à la retraite, je ne pouvais pas rester assise sur ma chaise. Je voulais rendre service, énonce-t-elle comme pour se présenter. L’an dernier, j’ai effectué près de 80 visites pour l’enquête qualité des services de l’ADMR. C’est là qu’on se rend compte que beaucoup ne voient pas grand monde. Une seule fois, j’ai noté de la saleté dans une maison malgré le service ménage. Mais après enquête, on a compris que la cliente ne voulait pas que l’aide à domicile touche à quoique ce soit et préférait lui faire faire des gâteaux… » 

Comme son nom l’indique, l’ADMR aide au maintien de la vie à domicile des personnes âgées en ruralité, tout en leur apportant un lien social essentiel et en luttant au jour le jour contre un certain sentiment de solitude et d’isolement.   

Plus d’infos sur : SAAD ADMR Antenne de L’Isle-en-Dodon