SÉRIE 1 – Première Brique

Ostalada : l’habitat participatif et inclusif… sans les soucis !

Les deux ingénieures en production de logement Cécile Alliot et Pauline Loiseau ont cofondé Ostalada, un concept innovant d’agence en ingénierie immobilière et sociale pour de l’habitat participatif et inclusif ! Une innovation sociale qui a été accompagnée en 2020 par l’incubateur Première Brique.

Partenariat rémunéré par Première Brique

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Les cofondatrices dOstalada Cécile Alliot et Pauline Loiseau dans la cour de la résidence du Lieutenant Colonel-Pelissier © Récit en Série – Patrice Nin.

Si on vous dit « habitat partagé », vous imaginez peut-être des hippies un peu en marge de la société qui partagent tout dans leur communauté, ou des personnes âgées qui ont choisi d’habiter ensemble dans la même maison pour ne pas se retrouver seules, ou encore des étudiants qui vivent en colocation pour disposer ainsi d’une chambre individuelle et de plus grands espaces en commun (salle de bain, cuisine, salon). Voire même vous évoquez l’histoire de ce beau projet immobilier idéalisé porté par un groupe d’amis qui a tellement accumulé les problèmes et les retards qu’ils se sont tous brouillés et endettés pour un rêve qui a tourné au cauchemar et n’a jamais abouti. Portée par Pauline Loiseau et Cécile Alliot, Ostaladaqui signifie la maisonnée en Occitan – démonte tous ces mythes autour de l’habitat partagé avec son agence en ingénierie immobilière et sociale pour de l’habitat participatif et inclusif.  

Un accompagnement facteur de réussite pour l’auto-promotion

« L’histoire de l’habitat partagé remonte aux mouvements hippies d’après guerre et s’est poursuivi avec des mouvements un peu moins militants dans les années 2000, résume Cécile Alliot, l’une des ingénieures cofondatrices d’Ostalada. Aujourd’hui en France, sur les 1 000 projets d’habitats initiés en auto-promotion, autrement dit porté directement par un collectif d’habitants, on compte un taux d’échec près de la moitié. Car il faut beaucoup de motivation et de ténacité pour réussir à aller au bout de ces projets immobiliers qui peuvent s’étaler sur cinq voire dix ans… » Et c’est là qu’intervient tout le savoir-faire de l’accompagnement personnalisé proposé par les deux ingénieures d’Ostalada, ce concept innovant d’agence de conseil à vocation sociale qui facilite la construction ou la réhabilitation d’habitats participatifs et inclusifs. Et c’est ce qui va vraiment faire toute la différence, d’autant qu’Ostalada s’occupe de tout ! Cécile la cofondatrice confirme : « Tout compris, avec nous, les projets que l’on accompagne se font en un an et demi ou deux ans maxi. »

BoiteAUtiles_podcast_S1R10 © Récit en Série

Écoutez le podcast Ostalada, le récit du projet

En effet, dans ce genre de projet immobilier le facteur temps est très important ! « En cinq ou dix ans, les besoins des habitants peuvent fortement évoluer. On n’a pas les mêmes besoins pour son logement quand on a un nourrisson ou un adolescent, quand la famille se sépare ou qu’elle se recompose… »  Forte de son expertise en gestion de projets immobiliers et de son expérience de la pratique collective, l’équipe d’Ostalada accompagne des projets d’habitats participatifs sur-mesure pour ses clients co-habitants. « Il n’y a pas qu’une manière de partager son habitat, il y en a mille », poursuit Pauline Loiseau. Et Cécile Alliot d’ajouter : « Il y a ceux qui veulent jouer à fond la carte de la solidarité et qui vont cuisiner tous les jours ensemble ; et il y en a d’autres qui vont avoir un plus fort besoin d’intimité et ne vont partager que le jardin ou la laverie. »

Comment ça se construit un projet d’habitat participatif ?

Dans leur bureau des Minimes à Toulouse, les deux fondatrices d’Ostalada, Cécile Alliot et Pauline Loiseau en sont convaincue le logement ne peut pas être seulement abordé uniquement sous l’angle purement marchand, car c’est aussi et avant tout un besoin essentiel existentiel. « C’est la dépense la plus importante en terme d’argent et d’affect qui vient cristalliser beaucoup de choses. Déjà dans un immeuble classique, on partage les boîtes aux lettres et les poubelles, alors pourquoi ne pourrait-on partager une bibliothèque par exemple ? »

« On fait de la dentelle, du sur-mesure pour chacun des projets d’habitat participatif que l’on accompagne » Pauline Loiseau

Mais alors comment ça marche un accompagnement d’Ostalada pour un projet de logement participatif ? Déjà les deux ingénieures n’ont pas un modèle type qu’elles dupliquent à l’infini« On fait de la dentelle, du sur-mesure pour chacun des projets d’habitat participatif que l’on accompagne », précise Pauline Loiseau. Les cas de figures peuvent être divers : ce peut-être un groupe d’amis qui a déjà trouvé un terrain à bâtir ; des seniors qui ont un pavillon devenu trop grand et qui veulent le réhabiliter en créant un modèle de copropriété à taille humaine pour bien vieillir en toute autonomie ; ce peut-être un plus petit noyau de foyers qui en a l’envie mais ne sait pas comment s’y prendre pour lequel Ostalada va faire visiter des biens potentiels mais aussi chercher les autres co-habitants pour compléter et finaliser le projet… L’agence spécialiste de l’habitat participatif aide à trouver et concevoir le logement le mieux adapté aux besoins individuels et collectifs du groupe. « Notre modèle ne repose pas sur un rendement maximal, rassurent les deux fondatrices. On cherche surtout à avoir le maximum d’impact social positif en sortant des logements partagés de meilleure qualité à des tarifs abordables pour tous. Pour nos clients, c’est transparent : on va leur prélever une commission de 3 à 5% sur le prix total du logement, tout en leur faisant économiser 20%. Ce qui fait qu’on a arrive à produire de l’habitat 15% moins cher que les prix du marché. »  

Du béguinage parisien à la Première Brique toulousaine

Et la quadra Cécile Alliot sait de quoi elle parle puisqu’elle a vécu une expérience personnelle de « béguinage » dans un logement ouvrier d’une ancienne manufacture dans la région parisienne avant de venir s’installer à Toulouse. « En arrivant, se souvient-elle, ça m’a manqué ce lien social entre voisins. Alors sur ce marché tendu de l’immobilier, je me suis dit, c’est ça qu’il faut faire ! J’étais convaincue que c’était la solution pour pouvoir accéder à un logement individuel abordable mais confortable par le biais des mètres carrés partagés tout en promouvant une certaine sobriété. » 

Béguinage, le lieu de vie des Béguines 

Les logements de la communauté religieuse laïque étaient généralement regroupés en une ou deux rangées de petites maisons reliées par des coursives, le tout habituellement réuni autour d’une cour, où se trouvait un jardin, et d’une chapelle.

Cécile Alliot postule d’abord seule à l’appel à projets de Première Brique, avant de proposer très rapidement à Pauline Loiseau, 36 ans, de la rejoindre dans l’aventure de l’innovation sociale. De leur parcours dans l’incubateur, les deux fondatrices ont apprécié la communauté d’incubés avec tous ces porteurs de projets qui essaient de changer le monde, ainsi que la méthode d’accompagnement en collectif et en individuel à la création d’une entreprise sociale et solidaire (ESS) : clarification du besoin social, structuration du projet, posture entrepreneuriale des deux porteuses du projet, business plan… « On fait partie de tout un écosystème et on ne se retrouve donc pas isolées, seules avec notre projet », ajoute-t-elles en précisant aussi l’importance de la mise en réseau avec de nombreux partenaires locaux, comme l’Agence Intercalaire qui leur loue leurs bureaux partagés au Timbre ou IéS qui finance et accompagne près de 70 entreprises en Occitanie. 

« Mais le marché s’est retourné ! Finalement, la bonne nouvelle, c’est que 70% de nos clients se trouvent être des personnes fragilisées : seniors, personnes en situation de handicap, familles monoparentales… » Cécile Alliot

« Au départ du projet, raconte aussi Cécile, on l’avait pensé de manière classique pour des familles de Français moyens, un peu comme nous. Mais le marché s’est retourné ! Finalement, la bonne nouvelle, c’est que 70% de nos clients se trouvent être des personnes fragilisées pour qui l’habitat groupé a encore plus de bénéfices : seniors, personnes en situation de handicap, familles monoparentales… Parmi nos projets, la moitié sont des logements de seniors qui souhaitent vivre et bien vieillir entre eux ; et l’autre moitié, c’est de l’intergénérationnel avec des co-habitants très différents ce qui stimule énormément l’entraide. » Et Pauline de compléter : « Il y a tout un tas de bénéfices induits à ce type d’habitat collectif : baisse de la consommation sur le bâti et les charges, partage des objets du quotidien (tondeuse, appareil à gaufres, voiture…), maintien du lien social, de l’estime de soi en restant autonome dans son logement et de l’agilité cognitive, convivialité et veille attentive… »       

Une ingénierie immobilière… et sociale !

Le plus d’Ostalada ? Bien sûr un savoir-faire en ingénierie immobilière pour toutes les phases de construction ou de rénovation de l’habitat : cahier des charges, statuts, planning du projet, maîtrise d’ouvrage, techniques de construction… qui va permettre au projet immobilier de sortir de terre dans les délais annoncés et sans mauvaises surprises de mal-façons. À quoi il faut ajouter tout leur savoir-faire en ingénierie sociale. « Tout au long de l’accompagnement, on leur transmet des compétences techniques et on les rend acteurs de la création de leur propre logement », assure Pauline Loiseau en sortant leur jeu façon puzzle de l’architecte. 

Les deux ingénieures en promotion immobilière Cécile Alliot et Pauline Loiseau ont cofondé Ostalada, un concept innovant d’agence en ingénierie immobilière et sociale pour de l’habitat participatif et inclusif ! Une innovation sociale qui a été accompagnée en 2021 par l’incubateur Première Brique.
Les ingénieures dOstalada Cécile Alliot et Pauline Loiseau avec le jeu de larchitecte pour aider leurs clients à la conception des projets © Récit en Série – Patrice Nin.

« On va mettre sur la table avec eux toutes les questions qui fâchent : argent, mode de vie en commun, fin de vie… pour anticiper toutes les situations et leur permettre d’aborder leur projet en toute sérénité pour les dix ou vingt prochaines années », expertise Cécile Alliot, avant d’ajouter: « Ils exercent ainsi une démocratie et une citoyenneté active, dont certains n’ont pas forcément l’habitude, et qui peut être très stimulante et valorisante pour eux aussi. »  Et Pauline de compléter : « On le leur dit : ils vont s’engueuler et ne vont pas être d’accords, c’est inévitable ! Mais avec notre accompagnement en pratique collective, ils vont savoir comment gérer la situation et trouver des solutions ensemble. Au moment de la construction du projet, on va leur donner les outils pour faciliter leurs prises de décisions et ils vont voir qu’ils sont capables de surmonter leurs désaccords. Ce qui s’avère être aussi un gage de réussite pour la suite… »

Deux habitats inclusifs avec une aide à la vie partagée 

Au total, Ostalada a déjà accompagné pas moins de quinze projets d’habitats participatifs, dont la moitié en auto-promotion dans le logement privé et l’autre moitié dans le logement social public. Ainsi que plusieurs résidences en habitat inclusif, dont deux où elles assurent la coordination et l’animation de la vie partagée sur le long cours, une fois les habitants installés. L’une de 64 seniors en locatif social pour le Groupe des Chalets et l’autre en locatif privé dans l’hyper-centre de Toulouse. Cet immeuble de la rue du Lieutenant Colonel-Pelissier entièrement rénové et accessible, aux briquettes caractéristiques de la Ville Rose avec sa superbe cour intérieure, abrite une résidence de sept logements individuels pour des jeunes en situation de handicap. Ce lundi après-midi, Cécile et Pauline vont rejoindre Alice, Loïs, Christophe, Thibault, Federica, mais aussi Rachel une jeune animatrice en MJC et Claudine une retraitée dans la salle commune – qui n’est autre qu’un logement vacant mis à disposition par le propriétaire – pour une animation d’aide à la vie partagée, subventionnée par le Département. 

« Il est important pour nous de voir comment vivent les co-habitants au quotidien, d’être d’un bout à l’autre de la chaîne des projets, afin de toujours mieux concevoir les habitats participatifs et inclusifs que l’on accompagne. » Les cofondatrices

Le planning des animations est affiché et libre : sorties culturelles, balades au jardin des plantes, créations artistiques, repas partagés, soirées à thèmes jeux ou télé… « Pour ces cinq jeunes porteurs de handicaps cognitifs et psychiques, précise Cécile Alliot, c’est souvent le premier logement individuel en toute autonomie. Mais pour eux et leur famille, c’est rassurant et stimulant d’avoir en plus cette vie de groupe, mêlée de moments partagés et de bon voisinage ! » Rachel qui a choisi de vivre ici il y a un an et demi apprécie aussi : « Le handicap n’était pas un frein pour moi, car j’ai grandi aux côtés du frère en situation de handicap de ma meilleure amie. Ce qui est chouette, c’est qu’on a de vrais liens en dehors des temps de partage organisé par Cécile et Pauline. » Ce jour-là Alice arrive « en retard » à l’atelier de Diamond Painting et Federica débarque les bras chargés de nouvelles idées créatives et culinaires en plus d’une bonne nouvelle : elle vient de décrocher un CDD dans une maison de retraite. En allant reposer ses affaires, la fière locataire en profite même pour faire une visite de son confortable logement de 35 m2 tout équipé et décoré à son image. Les deux ingénieures le confirment : « Il est important pour nous de voir comment vivent les co-habitants au quotidien, d’être d’un bout à l’autre de la chaîne des projets, afin de toujours mieux concevoir les habitats participatifs et inclusifs que l’on accompagne. » 

Une nouvelle foncière solidaire en 2026

Depuis quelque temps, désormais accompagnée par l’agence de développement régional Ad’Occ, les cofondatrices d’Ostalada ont repéré un nouveau besoin émergent : celui d’associations et de proches aidants qui veulent monter un logement inclusif mais qui n’en sont pas les bénéficiaires. S’inspirant de la méthode de Villages Vivants, les deux entrepreneuses sociales ont pour projet de lancer en 2026 une foncière solidaire et citoyenne en coopérative Scic qui permettrait d’acheter les murs de ces projets via de l’épargne solidaire. « On est persuadées que ça donnerait plus de sens à des personnes qui veulent investir dans des projets immobiliers et que ça permettrait aux associations et/ou aux aidants d’arriver à financer les murs de leur projet. » 

Une brique de plus pour leur innovante agence en ingénierie immobilière et sociale Ostalada qui leur permettrait d’ajouter toujours plus de social et de collectif à leurs prochains projets immobiliers participatifs et inclusifs. 

Plus d’infos sur : ostalada.fr

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